"Nous travaillons à deux. Jeunes, nous avons fait les Beaux-Arts de Paris. Catherine en sculpture, et moi en peinture. Je dessinais bien. Mais à l’époque, il fallait être abstrait. Le dessin était quasiment interdit. C’est ainsi que je suis devenu, pourtant en travaillant comme un fou, un peintre raté. Catherine a fait des meubles uniques et est devenue une championne du motif décoratif, sujet sur lequel elle a publié une bonne dizaine de livres. Je me suis rabattu sur la photographie, qui a fini par devenir numérique et quelque chose avec quoi on pouvait tout redessiner. A un moment, c’était mûr : j'ai senti que la photographie pouvait finalement devenir de la peinture figurative.
 
Nous avons alors repris et étudié tous les codes et les motifs des artistes de la grande tradition européenne de la nature morte. Nous avons monté des sujets et travaillé la lumière jusqu’à obtenir ces images.  L'objectif a été la confusion entre la photographie et la peinture.
 
Si vous trouvez que nos photographies sont aussi belles que des peintures, nous avons réussi.
 
Nous aimons le thème de la nature morte parce que, contrairement à ce qu’a toujours annoncé la tradition de la peinture, c'est à notre sens non le sujet mineur, mais le sujet majeur de la figuration. Dans une nature morte, l’Homme est absent. Il ne reste que des traces de lui. On ne connaît ni le pourquoi, ni la gravité de son absence. La nature morte parle ainsi de la solitude, de l’amour absent et, au fond, de la mort. Toute la condition humaine.
 
Nous revendiquons la beauté. Absurdement, et par mode, les artistes ont feint pendant des dizaines d’années de la mépriser. Mais, dans leur vie d’homme et de femme, ils ont continué de choisir voiture, maison, conjoint en y faisant référence. Leur pose même, contre la beauté, était finalement esthétique.
 
Qu’est-ce que la beauté ? C’est quelque chose d’assez simple à comprendre, au contraire de ce qu’en dit Kant. On la comprend bien si on pense au rire : un homme marche dans la rue, il glisse sur une peau de banane et tombe. On rit. Plus il marchait de façon solide, sûre d’elle-même, et plus, quand il tombe, on rit. On rit quand, brutalement, une certaine sorte de logique, qu’on avait comprise, laisse la place à une autre, et que, de notre point de vue, il y a une brutale dégradation. La péjoration brutale du point de  vue conduit au rire.
 
La beauté marche comme le rire, mais à l'envers : elle apparaît lorsque nous sommes convoqués à un brutal changement de point de vue mais cette fois mélioratif : par exemple, le banal devient grandiose.
 
Pour convoquer la beauté, nos images proposent ainsi quelques autres articulations de points de vue :
 
- Ce sont des photographies mais elles ont l’air  de peintures.
 
- Elles ne montrent que des objets, mais on y parle uniquement de l’Homme.
 
- Elles présentent des chaos d’objets, mais on sent la rigueur extrême de leur composition.
 
- Elles ont l’air ancien mais présentent la jeunesse des matières neuves.
 
Autant de surprises qui, en suggérant au spectateur de brutales améliorations de point de vue, convoquent la beauté et font, du coup, l'effet mystérieux des chefs-d’œuvre."
 
Henri PEYRE

Henri Peyre / Catherine Auguste

Photographie-Peinture

Nous inventons des chefs-d’œuvre inédits de natures mortes anciennes qui sont, coup de théâtre, des photographies…
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